Combat

 


 Action de deux adversaires qui se battent.

Combat (…) différent (différend) qui se vuide (vide) par la voye des armes (…) Se dit aussi des animaux (…) Les combats de gladiateurs étoient de cruels spectacles qui divertissoient les Payens (FURETIÈRE, Dictionnaire universel, 1690).

 

·       De tous temps, les chiens ont combattu dans l’arène ou la fosse pour le plaisir de l’homme, comme des gladiateurs, contre le taureau, le loup, l’ours, le lion, le singe, le blaireau, un nain armé d’un gourdin (en Angleterre) ou contre leurs congénères*.

·       Le combat n’est pas une utilisation naturelle. Le chien est alors dévoyé par l’homme. Il est entraîné, maltraité, parfois drogué.
Avant les combats, j’ajoute à la nourriture de la cocaïne… («  Chiens mortels ! « , propos recueillis par Omar GUENDOUZ, Entrevue, octobre 1993, pp. 49-50).

·       Le pays des combats fut la Grande-Bretagne, jusqu’à leur interdiction totale en 1835. En France, des combats se sont déroulés jusqu’au début du siècle dans le sud-ouest (contre l’ours, le loup et contre d’autres chiens – dogues et bouledogues) à Paris et également dans le nord.

·       Les combats reprendraient dans le nord de l’Angleterre, sous le manteau. Ils sont organisés un peu partout aux U.S.A. (selon SEMENCIC, The World of Fighting Dogs, T.F.H. 1984), au Japon et même en Europe.
Les combats de chiens sont toujours prisés en Russie. Bien qu’illégal, ce «  sport «  a ses adeptes, notamment à Moscou où des affrontements sont organisés chaque semaine (…). Les paris peuvent aller jusqu’à 1000 dollars («  Combat à la russe « , le Figaro, vendredi 15 mars 1996, p. 9).

Chiens de combat : il n’existe pas, à proprement parler, de type morphologique de chiens de combat. Pourtant, comme le lutteur doit être très stable, il importe que le centre* de gravité soit bas (d’où les membres forts mais relativement courts, le tronc puissant). L’équilibre est primordial : un chien renversé est un chien battu. Enfin, la peau lâche est la meilleure des protections.

·       On a recherché la force et le courage par le Bouledogue, le Bulldog, le dogue* et les molosses* en général, la vitesse et le mordant* par les terriers.

·       Selon SEMENCIC (op. cit.), les chiens de combat actuels aux U.S.A. sont l’Akita (Spitz), le Tosa (molosse japonais), l’American Staffordshire Terrier, le Staffordshire Terrier (anglais), le Dogue de Bordeaux, le Mâtin Napolitain, le Shar-Pei, différents terriers comme le Kerry Blue, le Terrier Irlandais, le Bedlington, le Terrier de Manchester, le Bandog (type ancien de molosse ainsi appelé parce qu’il était enchaîné), le Bulldog «  ancestral «  (type ancien appelé «  Olde Bulldogge « ) et deux créations récentes : l’American Pit Bull Dog (peu connu) et le déjà trop fameux American Pit Bull Terrier (ces quatre derniers chiens n’étant pas reconnus par l’American Kennel Club ni par la F.C.I.). N.B. «  Pit «  étant la fosse, l’arène où se déroulaient les combats au xixe siècle, on peut traduire «  Pit Bull Terrier «  par «  Bull-terrier de combat « .


M. MICHEL, Président de la S.C.C. a rappelé que le Pit Bull Terrier ne relève en rien de la Société Centrale Canine puisqu’il n’est pas un chien de race.
Le Pit Bull Terrier américain est sans conteste le chien de combat le plus efficace que l’homme ait jamais produit (SEMENCIC, op. cit., p. 131).

Mais tous les combats de Bouledogues étaient «  à fond et tout bon «  selon la pittoresque expression, tandis que pour nos dogues (de Bordeaux) il y avait un règlement (G. TRIQUET, le Dogue de Bordeaux, p. 71).
Aucun chien n’endure aussi facilement que lui (le «  Bulldog « ) la fatigue et dans ses combats avec les renards, les blaireaux ou tout autre adversaire, il semble insensible à la douleur (GAYOT, le Chien, p. 187).

Avant le combat, on observe le comportement de menace : oreilles couchées, poil hérissé, lèvres légèrement puis fortement retroussées, démarche un peu raide, les membres tendus chez certains chiens, position à ras de terre, au contraire, chez d’autres comme le Bulldog, mouvement de la tête vers l’extérieur comme pour offrir le cou et provoquer l’adversaire, queue dressée, raide. Le chien qui aboie n’est pas prêt à l’attaque. Il fait face. Les oreilles sont dressées. Le chien attaque comme l’éclair, en venant de côté ou de trois quarts, rarement de face. Les attaques se font au cou, à l’oreille, à la joue (très fréquent), aux antérieurs, à la gorge si l’adversaire est renversé, gueule dans gueule si l’attaque a eu lieu de face. Certains chiens mordent et lâchent la prise rapidement. D’autres (et pas seulement les molosses) restent «  accrochés « . Le Bulldog, le Dogue de Bordeaux mordent «  à fond de gueule « , ne lâchent pas et combattent, en général, en silence.

 

Certains chiens rompent le combat. Le Boxer, même en état d’infériorité, revient à la charge. Les molosses attaquent fréquemment par le travers, passent un antérieur au-dessus du dos de l’adversaire et essaient de broyer la nuque. Ils savent utiliser leur poids et poussent pour renverser.

Le comportement de menace n’existe plus chez les chiens qui combattent régulièrement pour la folie et la cruauté de leur maître. L’attaque est directe. Ils peuvent lutter debout sur leurs membres postérieurs, les antérieurs passés au niveau des épaules de l’adversaire. Le chien de combat ne respecte plus les «  règles «  comportementales selon lesquelles certaines postures ou la fuite arrêtent le combat.
Chez les animaux, le combat intra-spécifique authentique est un phénomène très rare (HEYMER, Vocabulaire éthologique, P.U.F., p. 41).

Le responsable est donc l’homme qui sélectionne et entraîne afin de créer des chiens dangereux. Faut-il interdire certaines races comme on l’a fait en Allemagne pour des molossoïdes (jamais allemands) ou dans la région parisienne ? Il faut se défier de l’amalgame.

 

·       La croyance qu’un chien agressif envers ses congénères attaquera les hommes un jour ou l’autre (selon le proverbe «  qui vole un œuf vole un bœuf « ) est erronée. Les anciens chiens de combat sont devenus pacifiques. Ce ne sont pas les chiens de combat qu’il faut interdire mais les combats de chiens.

·       Au Japon, le chien de combat par excellence, le Tosa, est respecté en tant que «  Monument historique vivant «  (non officiellement).

Il n’a pas en France d’interdiction écrite des combats de chiens mais la loi GRAMMONT du 2 juillet 1850 réprime les mauvais traitements et les actes de cruauté envers les animaux (TRIQUET, la Saga du Dogue de Bordeaux, tome 1, p. 152).

N.B. Cette loi n’a pas empêché les combats de se dérouler dans le sud-ouest de la France jusqu’en 1914 environ.

 

·       Un présumé organisateur de combats est poursuivi par la police. Le ministère public a requis une peine de prison (…) «  Ces combats ne sont plus un épiphénomène ; nous avons affaire à des réseaux structurés (« Combats de Pit-bulls « , Sud-ouest, jeudi 19 février 1998).

·       «  Un Bouledogue doit rester constamment attaché et muselé, qu’il se trouve à l’intérieur d’un appartement, d’une cour ou d’un jardin privé à Paris «  (Ordonnance de police du 28 février 1843). Un tel ostracisme pour les Bouledogues relève (déjà) du délit de faciès.